Daniel Charneuxd'Une semaine de vacanceà l'OuLiPo |
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Idée absurde Cette année pour les congés payés, j’ai décidé de m’ennuyer. Si l’on ne s’ennuie pas, le temps passe vite, et deux semaines, c’est si court ! Mais s’ennuyer c’est ruminer le temps, le malaxer, l’étirer comme une pâte, comme une gomme extensible. C’est profiter de chaque grain de sable. (D.Charneux, Une semaine de vacance, début du roman) J’avais tout préparé pour m’ennuyer totalement. Tous les objets qui auraient pu me distraire ou faire passer le temps un peu plus vite, je les avais éteints, débranchés, ou cachés. Seule une immense horloge au Tic-tac très audible se trouvait devant mon fauteuil. Quand les vacances ont commencé, je me suis installé confortablement dans le divan. Les secondes paraissaient interminables. Cette journée fut étonnamment longue, je ne pensais pas que s’ennuyer pouvait allonger autant les heures. Le deuxième jour de vacances fut aussi long que le premier, le troisième aussi et le quatrième pareil. Après, j’ai pris la décision de partir trois jours à la mer pour finir la semaine. Je m’étais tout de même promis de ne rien faire de divertissant. O la seconde semaine, j’étais à nouveau chez moi, j’avais rebranché la télévision. La plupart des émissions proposées m’ont fait réfléchir. J’ai vu tous ces gens mourir de faim ou faire la guerre. J’ai vu des enfants de moins de dix ans avec des fusils, des adolescents se battre contre la drogue, contre les agressions, contre les viols. Je me suis soudain rendu compte que le monde ne tournait pas rond, que la terre était en détresse perpétuelle et que moi, petit humain égoïste, j’essayais de m’ennuyer pour faire traîner mes vacances. Isabelle de Saint-Moulin |
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