Daniel Charneux

d'Une semaine de vacance

à l'OuLiPo

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Variation

Jouez avec nous I

Jouez avec nous II

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C'est alors qu'il est entré...

Jamais en lisant ce livre, je n'aurais imaginé que son auteur était si simple. On aurait pu le croiser tous les jours, nous ne nous serions même pas retournés sur lui. Mais là, on le voyait devant nous si simple, si modeste, nous disant que le fait d'écrire un livre n'était pas difficile et cela nous paraissait pourtant un travail très laborieux.

Il s'est mis à nous raconter un tout autre livre: celui de son histoire et de la "mise au point" du roman.

Etant jeune, Daniel Charneux n'aurait jamais cru pouvoir écrire un livre un jour; il se contentait d'écrire des poèmes mais jamais une histoire tout entière. Pourtant, il en est à son troisième roman. Le premier n'a pas été édité car il n'était pas à la mode, il était trop romantique pour l'époque. Le deuxième, Une semaine de vacance, est une grande réussite, selon moi, et le troisième est intitulé Recyclages et circulera dans notre classe jusqu'au dernier élève car l'auteur nous en a offert un exemplaire.

Il nous a dit les deux mots par et pour lesquels il écrit: Ecart et Trace qui sont des palindromes, c'est-à-dire qu'ils peuvent se lire de gauche à droite et inversement.

Ecart signifie l'écart qu'il y a entre la ligne droite que nous suivons tous les jours, avec ses interdits, ses tabous... et l'écriture du roman qui refuse les tabous (ici, par exemple, le tueur en série). C'est également l'écart par rapport au langage: l'auteur privilégie en effet les jeux de mots et n'aime pas trop les dialogues.

Trace  parce qu'écrire un bouquin permet de laisser une trace dans la mémoire, dans l'esprit de quelqu'un.

Pour Daniel Charneux, le roman est un jeu de l'esprit, il ne faut pas croire que c'est une transposition du réel; ce n'est pas non plus grâce à l'inspiration que l'on peut écrire un roman. Il faut jouer avec les mots qui appartiennent à tout le monde. Il faut aussi se nourrir de l'imaginaire mais également des détails les plus banals de la vie, de petites anecdotes ou alors des choses les plus profondes de notre existence.  C'est pour cela que l'auteur ne sort jamais sans un carnet dans lequel il écrit ses propres notes, ce qu'il voit, ce qu'il pense, ses idées...

La durée d'écriture d'un roman est très variable: elle dépend de l'histoire, de l'auteur... elle peut varier entre quelques jours et des années. Daniel Charneux, quant à lui, a mis deux mois pour "préécrire" son roman; il a finit de le corriger la veille de la date où commence l'histoire du roman.

Il nous a avoué qu'au commencement, l'histoire ne devait pas être celle qu'il a écrite mais plutôt celle de quelqu'un mal dans sa peau, blessé par le départ de sa femme. L'idée ne lui est venue que quand son personnage a rencontré les Hollandais, dans le roman.

Pour écrire ce roman, il a voulu se donner des contraintes, selon l'habitude de l'OuLiPo. En effet, pour lui, il est plus facile d'écrire lorsqu'on a des règles à suivre. Il s'est fixé de mettre, dans chaque chapitre, un certain nombre de références au chiffre sept; c'est ainsi que le livre compte sept chapitres. Dans ceux-ci sont glissés les sept nains, les sept planètes, les sept couleurs de l'arc-en-ciel, les sept merveilles du monde et des tas d'autres allusions. Mais, comme l'exception confirme la règle, il y a un "clinamen" pour éviter que cette contrainte devienne trop monotone. C'est ainsi que nous avons dix actes de la part du narrateur et non comme sept comme on aurait pu l'imaginer.

Le nom du héros, Jean-Pierre Jouve a deux origines: Daniel Charneux aime le poète Pierre-Jean Jouve et, par ailleurs, jeudi (de "Jupiter, Jovis") est le jour central de la semaine.

La Creuse a été choisie comme cadre, d'une part, parce que c'était une région que n'avait pas visitée l'auteur: il pouvait ainsi imaginer ses décors et ne s'inspirait pas de ses propres descriptions. Il l'a également choisie pour son nom qui évoquait un trou, un vide, comme "la" vacance de Jouve.

C'est ainsi que, d'idée en idée, il a écrit un roman qui peut paraître simple et dénué de sens mais qui, si on y prête attention, est plein de mystères et de doubles sens.

Cette visite m'a permis de me rendre compte qu'il faut prêter attention à ce qu'on lit et ne pas se contenter de survoler l'ouvrage; il faut approfondir la lecture pour découvrir tous les détail que l'auteur y a glissés de manière a créer un lien encore plus fort avec nous.

C'est fou tout ce qu'il peut y avoir dans la tête d'un seul homme...

Clémentine Hemmeryck

Cette visite a été intéressante. Il est toujours fascinant de rencontre l'auteur d'un livre qu'on vient de lire, ne serait-ce que pour mettre un visage sur le créateur de la fiction sur laquelle on a passé quelques heures. De plus, c'était agréable d'écouter Monsieur Charneux parler car, comme il est professeur, il était à l'aise pour nous parler.

Son discours était clair et passionné. J'ai beaucoup apprécié cela. On voit bien que c'est un homme de lettres: même en parlant, il joue sur les mots et leur provenance. Cela m'a fait plaisir de me replonger, l'espace de quelques heures, dans un petit cours de latin et d'analyse de mots.

Bien sûr, sa visite m'a également permis de découvrir le roman sous un autre angle, certaines subtilités m'avaient en effet échappé, et la manière de travailler d'un écrivain. Néanmoins, il y a un peu de son discours auquel je n'adhère pas: je ne crois pas que tout un chacun est capable d'écrire un roman. Certes, les mots sont à tout le monde mais le roman, la littérature ne sont pas simplement des exercices d'écriture; il faut de l'inspiration, de l'innovation pour que ça ne vaille la peine.

En conclusion, ce fut une après-midi agréable et intéressante.

Gwendolyn Lacroix

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