Pelléas et
Mélisande |
1. Tristan et Iseut |
La trame de Pelléas et
Mélisande s'inspire fortement de la légende de Tristan et Iseut. On
peut, sans trop se tromper, affirmer qu'il suffit de remplacer le mot
"philtre" par le mot "mort" pour passer d'un récit à
l'autre. Les ressemblances les plus
frappantes sont:
Quant aux différences les plus marquantes, ce sont:
|
Delville, Tristan et Iseult |
Le dessin représente l'instant
où Tristan et Iseult boivent le philtre. Cette oeuvre fait référence à
un mythe, celui de l'amour éternel mais surtout interdit, comme celui de Pelléas
et Mélisande. La composition est en rayons, ce qui donne l'impression
que le couple enlacé est irradié par le soleil: il apparaît en
contre-jour, le dessinateur utilise cet angle pour créer une atmosphère
floue, ce flou rend impossible la distinction entre les deux amants: ils
ne font qu'un. La longue chevelure, typique des femmes symbolistes,
contribue également à créer cet effet.
Pour lire l'épisode du philtre et celui de la mort des amants, tels que les raconte Bédier, reconstituant l'histoire à partir des diverses sources: |
2. Ophélie |
Ophélie ressemble à Mélisande, en ce qu'elle est, comme elle, une héroïne liée à l'eau et à la végétation: sa mort ressemble à une métamorphose, au retour à l'élément premier. |
J.E.Millais, Ophélie (1852, Tate Galery) |
Ophélie est coupée de ses racines et meurt comme Mélisande, elle a les mêmes cheveux longs. Les couleurs appartiennent à la gamme des verts et l'eau est présente, c'est l'élément où retourne Ophélie, n'est-ce pas de l'eau qu'est née Mélisande? Ophélie semble prier: étrange attitude pour une morte! Pour en savoir plus sur Ophélie et lire un poème de Rimbaud qui lui a été consacré, ainsi que quelques commentaires, |
3. Mélusine et les créatures aquatiques |
Comme ces créatures, Mélisande (le nom
lui-même est évocateur) est liée à l'eau: elle est
retrouvée près d'un point d'eau, elle perd sa bague dans l'eau, ses
origines sont mystérieuses et elle accepte peu qu'on lui pose des
questions sur celles-ci.
Toutes ces femmes issues de l'eau paraissent à la fois attirantes et dangereuses: les sirènes qui attirent les hommes par leurs chants, les ondines reconnaissables à leur longue chevelure verte, Lorelei qui peigne sa longue crinière blonde et amène les marins à se fracasser contre les rochers du Rhin ou encore, ces "dames du lac" celtiques qui retiennent les hommes sous les eaux. Mélisande, peignant sa longue chevelure et en inondant Pelléas, qui en tombe amoureux, ressemble bien à ces créatures. Il faut aussi parler ici de la légende galloise Llyn y Fan qui raconte l'histoire d'un jeune homme qui rencontre une demoiselle près d'un lac et en tombe follement amoureux mais doit se plier à un interdit: il ne peut toucher sa femme plus de trois fois sans raison. On rapprochera cet épisode de la rencontre entre Mélisande et Golaud. En effet, la première réplique que celle-ci lui adresse est: "Ne me touchez pas!" |
|
L'eau est au centre de la
peinture, composée en diagonale, ce qui donne du mouvement: l'eau semble
s'écouler. Les couleurs sont froides, en camaïeu de verts. La lumière
glauque, dont on ne voit que le reflet dans l'eau, donne une impression de
pénombre. De ce fait et à cause de la plongée, nous ressentons une
impression d'étouffement: la mort règne.
Pour lire un poème d'Apollinaire consacré à Lorelei, et découvrir quelques liens la concernant, |