Littérature |
Aimé Césaire |
Présentation de l'auteur |
Né en 1913 à
Fort-de-France, Aimé Césaire poursuit de brillantes études à la Martinique
puis à Paris où il est reçu à l'École Normale supérieure en 1935. Il
fréquente de nombreux africains, dont Senghor, participe à des
rencontres au cours desquelles se forge peu à peu la notion de
"négritude". A la même époque il rédige Cahier
d'un retour au pays natal, long poème orphique de l'exil, publié
d'abord dans la revue Volontés en 1939, puis en volume. Césaire y
évoque la négritude, sorte d'Eurydice qu'il faut ramener au jour: prise
de conscience et acceptation de soi doivent
correspondre à l'émergence de la parole). Il participe à la fondation des éditions
Présence Africaine qui permettront la diffusion des écrits noirs. Rentré à la Martinique, il enseignera, fondera la revue Tropiques, se lancera dans la politique au point de devenir maire de Fort-de-France en 1945 dans la mouvance communiste, puis député à l'Assemblée nationale française où il votera pour le statut de département de la Martinique, ce qui lui vaudra les reproches de certains. Pour leur répondre il écrira en 1953 Discours sur le colonialisme, un pamphlet contre la civilisation européenne et le colonialisme, et en 1956, Lettre à Maurice Thorez, dans laquelle il reproche aux communistes leur croyance en la supériorité du modèle occidental. Deux ans plus tard, il fonde le Parti progressiste martiniquais favorable à une autonomie accrue des îles. |
Poésie |
Les divers recueils poétiques de Césaire (Les Armes miraculeuses en 1946, Soleil cou coupé en 1948, Corps perdu en 1950...) ont en commun la violence thématique: destruction d'un monde ancien marqué par le colonialisme au profit d'un nouveau monde rempli de promesses heureuses; ils développent également des images luxuriantes: images solaires, bestiaire, catastrophes cosmiques... Le
sort du nègre s'y décline à travers le « négrier», la « négrerie
», la « négraille » - qui est « assise » -, et la « négritude » -
qui est « debout ». |
Théâtre |
Césaire voit, dans le théâtre la possibilité d'atteindre les non-lecteurs. Il s'agit pour lui que son projet révolutionnaire touche les masses. On retiendra trois oeuvres essentielles: Une Saison au Congo en 1956 raconte l'indépendance du Congo belge et la fin de Lumumba d'une manière fort brechtienne. Une Tempête, de 1968, est une relecture de la Tempête de Shakespeare fondée sur les rapports raciaux entre les personnages. Enfin, La Tragédie du Roi Christophe (1963), drame shakespearien, est considérée comme le chef-d'oeuvre du dramaturge, entré dans le répertoire de la Comédie-Française en 1991. L'auteur s'inspire d'un fait réel de l'histoire haïtienne, l'accession au pouvoir d'un ancien esclave et son échec pour avoir choisi la voie des anciens maîtres. Il s'agissait à la fois d'un appel au soulèvement adressé aux peuples encore colonisés et un avertissement sur la manière de gérer l'indépendance nouvelle. |
Une saison au Congo |
Au Congo, on s’achemine peu
à peu vers l’indépendance : Mokutu se moque des flamands, Lumumba
est en prison. De scène en scène, on assiste aux événements au fur et
à mesure que le temps s’écoule : la table-ronde à Bruxelles, où
siègent les banquiers, la proclamation de l’indépendance et les
discours du président Kala-Lubu et du 1er ministre Lumumba au roi Basilio
…jusqu’à la prise du pouvoir par Mokutu après la mort de Lumumba
(significativement le seul à conserver son nom).
C’est, de manière générale, la colonisation que Césaire dénonce à travers cette pièce-ci. Lumumba devenant le héraut de la négritude, celui qui, ayant pris la parole pour dénoncer les abus du colonisateur blanc, paie cette audace de sa vie. On pourra, avec profit, comparer le discours au roi Basilio tel qu’il est réécrit avec celui prononcé réellement par Lumumba au roi Baudouin. |
Conor Cruise O’Brian |
On doit à ce fonctionnaire de l’O.N.U., un pièce, Anges meurtriers (Murderous Angels), sur le thème de la chute de Patrice Lumumba qui fut créée au TNP à Paris en 1972, avec une mise en scène de l'anglaise Joan Littlewood, par ailleurs créatrice du Theatre Workshop londonien. |