Questions des élèves et réponses de X.Hanotte: |
![]() |
A propos des événements et personnages du roman |
![]() |
|
Un fait m’a paru bizarre : la propagande britannique qui propose de constituer des régiments d’amis. Je peux la comprendre mais je me demande si, dans la réalité, ça s’est réellement passé. (Christophe) - En effet, cela s'est rigoureusement passé comme je l'écris. En fait, le gouvernement britannique, et en particulier Lord Derby, entrevoyait dans cette proposition la manière idéale de "relancer" le volontariat qui avait tendance à baisser en 1915. Car avant 1916, le service militaire obligatoire n'existait pas en Grande-Bretagne. Pourquoi Nigel n’a-t-il jamais avoué sa vraie identité à Jacqueline ? (Natacha) - Bonne question. Mais Nigel ne voit pas ce que cette révélation apporterait à son épouse, non plus qu'à lui-même. C'est, aussi, une manière de "payer" son bonheur - car la notion du mensonge et de l'imposture ne le quittera jamais tout à fait. Cela ne concerne, finalement, que lui et il entend bien que les choses en restent là. Pourquoi Nigel va-t-il tous les jours dans les cimetières ? (Natacha) - D'abord parce qu'il est le jardinier attitré de ces cimetières, et qu'il est responsable de leur bon entretien : c'est devenu son métier. Ensuite parce qu'il aime y retrouver ses copains disparus, penser à eux quand presque plus personne ne songe à le faire. Je n’ai pas bien compris pourquoi le commandant tient tant à Nigel ; est-ce parce qu’il aime sa poésie ? (Sarah, Xavier) - Le lieutenant Burrell a tout de suite reconnu Nigel - sans le lui dire. Il sait qu'il est poète mais respecte le relatif anonymat qu'il veut conserver. Tout officier qu'il est, Burrell conçoit son rôle comme celui d'un protecteur au service de ses hommes. Il se sent responsable de leur vie. Dans ce sens, protéger un poète dont il apprécie l'oeuvre lui paraît une mission importante. En outre, il sent bien qu'avec Nigel, il peut parler, causer philosophie, libérer ses angoisses. Pourquoi Nigel prend-il l’identité de William ? (Natacha, Yves, Isabelle, Kevin) - Au début, il ne la prend pas, c'est une erreur qui est commise à son endroit. Quand il revient du no man's land, lui-même a perdu sa plaque et il ne peut plus parler. Il finit par accepter ce changement d'identité comme un destin, et ne fait rien pour redresser la vérité. Au début du roman, Nigel est dans une réalité sociale (petit bourgeois, diplômé) mais dans une imposture essentielle (il ne se sent pas bien dans sa peau); à la fin, il est dans une imposture sociale (il a usurpé une identité, se retrouve jardinier) mais dans une vérité essentielle (il se sent bien là où il est, fait un métier qu'il aime). Comment vous est venue cette idée ? (Jean-Mathieu) - Si je le savais, peut-être n'aurais-je pas écrit Derrière la colline. Les idées, ça vient comme ça, et il faudrait un autre livre pour en expliquer l'origine. Je dois avouer que votre idée de laisser la confusion entre Nigel et William durant toute l’histoire était bonne. Au départ, on a l’impression qu’il y a un changement de focalisation alors qu’à la fin, on se rend compte qu’il y a un changement d’identité. Comment avez-vous eu cette idée ? (Gwendolyn) - Il me semblait qu'il fallait surprendre le lecteur. A mon avis, c'est pour moi une manière de dire que la vérité, tout compte fait, n'est jamais qu'une façon de voir les choses sous un certain angle. Le changement d'identité, que vous découvrez assez tard, modifie l'éclairage du livre alors que les "deux" narrateurs sont pourtant sincères. Seule votre connaissance des détails a changé. Pourquoi a-t-il choisi de s’échapper de la vie qu’il menait alors qu’il avait encore son père, une vie bien rangée à Eccles et toute la vie devant lui ? Nigel a renié tout ce qu’il avait auparavant pour ne pas avoir grand-chose de plus. Je ne comprends pas. Peut-être a-t-il gardé le prénom de William pour le remercier de l’avoir sauvé… ? (Xavier) - Nigel, au début du roman, est quelqu'un de moralement fatigué, peu satisfait de sa vie. Quand le changement d'identité s'impose à lui, il n'a d'abord pas la possibilité de s'y opposer (frappé d'aphasie, il ne peut physiquement pas parler). Ensuite, il l'accepte avec une sorte de passivité, convaincu que, de toute façon, il ne survivra pas à la guerre. Ensuite, il laisse aller, se contente de voir où le destin le mène. Et c'est ainsi qu'il découvre un petit bonheur tranquille, tissé de quelques regrets, notamment par rapport à son père (qu'il imagine fier de lui, néanmoins.) En continuant à vivre, en s'effaçant derrière le nom d'un autre - en s'arrangeant même pour qu'on croie William poète -, il y a en effet, aussi, une sorte de remerciement. Comment personne ne s’est-il aperçu du changement d’identité ? (Baris) - C'est dit dans le livre. Nigel, déclaré mort, ne retourne pas à Salford, ses dernières lettres ont été expédiées. "William" reste avec le bataillon en Allemagne. La seule famille qui restait au vrai William (sa tante) meurt. Ensuite, il va entretenir les cimetières en Belgique, puis en France. Il ne rentrera jamais en Angleterre. De plus, son visage a été refait suite à sa blessure. À un moment, lorsque Nigel voit de la lumière dans la clairière, qu’il se dirige vers elle et voit une ville, puis une église et enfin son ami William, que devons-nous penser ? Pourquoi William lui demandait-il de le suivre ? Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? (Xavier) - On peut, si on veut, croire que Nigel rêve. Les lumières qui sortent de l'église, ne sont-ce pas des anges ? Comme ceux que le vieux caporal a vus à Mons ? Quant à William et aux autres soldats, ne les attendent-ils pas ? Sont-ils encore vivants, ou plutôt suspendus entre la vie et la mort. Nigel prend peur, choisit de vivre. Et se réveille blessé au fond du trou d'obus. Etait-ce un rêve ? C'est à vous, lecteur, de répondre et de choisir. À la fin, vraiment tout à la fin, je ne comprends pas qui sont les personnages qui s’échangent des lettres et parlent notamment du poème Before going. (Isabelle) - Barthélemy Dussert (c'est un personnage de mes autres romans) est traducteur littéraire et policier. Il s'intéresse à l'oeuvre de Nicholas Parry (Nigel Parsons). Il découvre que les deux parties de Before going ne sont pas écrites de la même façon, et l'une plus tard que l'autre. Il en déduit erronément que William Salter est l'auteur probable de ce poème. En fait, avant de mourir, Nigel s'est arrangé pour qu'on puisse croire cela. Comment se fait-il qu’une grande partie du roman paraisse vraiment réelle alors qu’on a l’impression que c’est un rêve à d’autres moments ? (Jean-Mathieu, Sandy, Élodie, Gwendolyn, Lydie) - C'est voulu. A vous de choisir. Vous pouvez lire ce roman comme un roman réaliste (Nigel a fait un rêve prémonitoire) ou un livre fantastique. Il est un peu des deux. |