Les thèmes obsessionnels chez Ghelderode

L'oeuvre de Ghelderode, dans son ensemble, développe une série de thèmes obsessionnels qui lui appartiennent en propre et que l'on retrouve ici. On notera par exemple:

1. L'angoisse existentielle

Le narrateur est victime d'une oppression qu'il attribue à des circonstances extérieures: la chaleur excessive (L'écrivain public, Le jardin malade, par exemple), le brouillard, la pluie débilitante (Le diable à Londres, Un Crépuscule, Brouillard), la maladie (Voler la mort, L'odeur du sapin).Il arrive, comme dans Le jardin malade, que l'auteur "invente" un paysage dans lequel il projette son angoisse, sa sensation d'étouffement. Le jardin représente la mort et donne donc naissance, assez logiquement, à des monstres comme le chat Tétanos dont le faciès évoque la mort.

2. La mort

Plus épouvantable encore que l'idée même de la mort, ce qui angoisse le narrateur, c'est l'idée d'une "agonie interrompue". Toute cette angoisse devra donc inévitablement recommencer un jour:  "C'est un fait avéré qu'on peut mourir sans que votre mort se consomme et que, par une volte du Destin, on soit rejeté dans l'existence ordinaire. Cela même m'arrivait. (Sortilèges, p.135)". On retrouve également cette idée dans L'odeur du sapin.

3. La mystification

A de nombreuses reprises, le narrateur est mystifié ou mystifie. Ainsi, est-il victime de facéties surnaturelles dans Rhotomago, Le jardin malade ou L'écrivain public, par exemple. Les oiseaux comme le geai (L'écrivain public) ou la pie (Tu fus pendu) participent à cette fête infernale. Mais il arrive aussi que le mystificateur soit un humain comme Ladouce dans L'amateur de reliques ou, enfin, que la mort elle-même soit mystifiée (L'odeur du sapin). Quoi qu'il en soit, la narrateur n'est jamais maître des événements.

4. Les fantasmes de Ghelderode

Mannequins et statues animées (L'écrivain public), matérialisation d'apparitions cauchemardesques (Sortilèges), dons d'ubiquité (L'écrivain public) ou de voyance (Tu fus pendu), hallucinations se multiplient dans ces nouvelles comme dans le théâtre.