Xavier Hanotte

 

 Derrière la colline (Belfond, 2000) – 347 pages

Nigel Parsons, qui publie des poèmes sous le nom de Nicholas Parry, n’a pas pu obtenir l’emploi de professeur sur lequel il comptait, sa fiancée l’a quitté, il est désespéré lorsqu’il fait la connaissance de William Salter, un jardinier originaire de la même petite ville que lui. Nous sommes en août 1914, tous deux vont rentrer chez eux pour s’engager et partir faire la guerre dans la Somme. En effet, pour persuader les hommes de s’engager, l’armée britannique leur propose de constituer des régiments d’amis, c’est-à-dire de personnes liées par leur lieu d’origine, leur appartenance à une entreprise, une association… Bien que son diplôme l’y autorise, Nigel renonce à devenir officier pour n’avoir pas à donner des ordres à son ami. Parallèlement, William Salter évoque sa vie ; en 1948, il s’est installé en France, sur les lieux mêmes de la bataille meurtrière.

Hanotte aime les cimetières militaires britanniques de la 1ère guerre mondiale : il nous l’a déjà prouvé dans son précédent roman, De secrètes injustices (on retrouvera d’ailleurs son personnage favori, B.Dussert, à la fin du roman, dans une apparition un peu « hitchcockienne »). Mêlant harmonieusement deux récits à la première personne (dont on ne comprendra leur relation qu’à la fin du roman), Hanotte a écrit une œuvre forte à la fois par son analyse psychologique et par sa description effrayante des réalités de la guerre, mais aussi par la dimension onirique, presque fantastique qu’il parvient à créer.

Pour lire un échange de questions/réponses entre des élèves et l'auteur..

Lieux communs (Les) (Belfond, 2002) – 209 pages

Bellewaerde est un parc d’attractions bien connu, proche d’Ypres, en Flandre. Mais qui sait que c’est aussi le lieu d’une bataille meurtrière de la première guerre mondiale ? 

Dans ce roman, alternent deux récits.

D’une part, Serge, un jeune garçon, que sa tante Bérénice a emmené avec elle et ses collègues de bureau, passe une journée de divertissement dans ce parc. Le jeune narrateur s’intéresse de près à la vie sentimentale de sa tante et profite d’un moment de liberté pour visiter le parc à sa guise. Il y fait une rencontre étonnante.

D’autre part nous vivons quelques jours de la vie de Pierre, belge émigré au Canada et qui s’est engagé comme sous-officier pour venir se battre sur l’Yser. Avec une poignée d’hommes, il tente, sans illusion, de résister aux coups de boutoir de l’armée allemande. Dans ces instants qu’il croit les derniers, il médite sur le chagrin d’amour qui a déterminé son départ et sur son retour au pays.

On peut considérer que, dans ce roman à la structure limpide, il parvient à unir ces deux éléments : guerre et réalisme fantastique. Et derrière cette simplicité apparente, les jeux de miroirs se multiplient. Pierre Lambert est ce soldat belgo-canadien mais c’est aussi le prénom du compagnon (ou de l’ex-compagnon ?) de Bérénice ; celle-ci n’est-elle pas une nouvelle Berthe ?

Par ailleurs, plus on avance dans le roman , plus les transitions entre chapitres et époques deviennent ténues. « Maintenant ce sont les murs qui penchent. Et là, pour de bon, je commence à avoir le tournis. » dit le jeune Serge dans la Maison du Magicien. Et à la page suivante : « N’étaient les traits de lumière blanche qui filigranent le fond noir, insondable et sans consistance de mon rêve, cela pourrait ressembler à un plancher mangé d’ombres floues, mouvantes. J’ai la tête qui tourne. » pense Pierre qui reprend connaissance après subi le souffle d’un obus.

C’est ainsi que, peu à peu, l’auteur nous amène à l’improbable rencontre. Quant aux clés, aux relations éventuelles entre personnages, à travers les décennies, au lecteur de les imaginer…