Histoire et généralités de la commedia dell'arte

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Histoire

La commedia dell'arte tire ses origines de la tradition du théâtre antique gardée en vie par l'esprit de la farce populaire mais elle incorpore également la riche tradition italienne du carnaval et l'influence de la Renaissance érudite. Elle apparaît vers la moitié du XVIe siècle comme une nouvelle organisation technique après des tentatives isolées de faire survivre le théâtre antique dans la comédie érudite de la Renaissance.

Un grand auteur du XVIe siècle est Ruzzante (Angelo Beolco), qui crée un nouveau personnage de théâtre, un paysan grotesque, rusé, haut en couleur , parlant le dialecte padouan et qui préfigure déjà Arlequin. Ce créateur écrit de nombreux canevas et il est le premier à la faire. Il invente également la juxtaposition de dialectes divers: le florentin pour les nobles, le bergamasque pour les soldats et le vénitien pour les médecins.

On a nommé "commedia dell'arte" cette forme de théâtre parce que, pour la première fois en Europe, il mettait en scène des acteurs professionnels, "l'arte" étant le substantif italien employé pour désigner une corporation professionnelle. Des compagnies jouant sur des scènes improvisées du début, on passe à des troupes organisées et suivies qui sont invitées à des représentations de cour comme la Compagnia dei Gelosi (d'Isabella Andreini qui donna son nom à un personnage, de jeune première, Isabelle) qui participa aux festivités données pour le mariage de Ferdinand de Médicis et Christine de Lorraine en 1589.

On l'appelle aussi "comédie des masques" parce que les acteurs portent le visage partiellement couvert. Les rôles sont définis, prévisibles quant à leur comportement, leurs costumes, leur langage.

Elle devient la "comédie italienne" quand elle est exportée hors d'Italie, en France par exemple, des troupes furent invitées à la Cour à la demande Catherine de Médicis. Elle s'épanouit dans le pays grâce à cette protection et au fait que théâtre italien et théâtre français vont s'interpénétrer. A l'Hôtel de Bourgogne, Turlupin - valet fourbe ressemblant à Brighella -, Gros-Guillaume ou Gaultier Garguille, nouveau Pantalon, jouent au début du XVIIe siècle tandis que Tabarin se distingue au Pont -Neuf.

Mais les troupes italiennes sont aussi nombreuses, dont celle de Tiberio Fiorilli (Scaramouche), le modèle et le maître de Molière qui partagea avec lui la salle du Petit-Bourbon en 1658.

Les Italiens, chassés en 1697, reviennent au début du XVIIIe siècle. Goldoni vient également à la Cour de Louis XV pour y propager ses idées de réforme du théâtre.

Traits principaux

C'est une réalité complexe, en raison à la fois de la variété des spectacles expérimentés sur scène et de la régularité du théâtre et des situations; mais c'est aussi un phénomène unique en raison de l'expression du désir d'autonomie de l'acteur par rapport à l'auteur. La comédie est jouée à partir d'une trame remplie de monologues, de dialogues et de lazzi par les improvisations des acteurs. L'improvisation est décidée sur base de genres codifiés et prend appui sur un répertoire d'entrées, de sorties, d'intermèdes et de tirades. Ses ingrédients sont le travestissement, l'équivoque, la bastonnade et la reconnaissance finale inattendue. A cela s'ajoutent la virtuosité, les danses, les acrobaties, la gestuelle expressive et les accompagnements musicaux.

Les intrigues, quant à elles, tournent toujours autour des mêmes thèmes: des maîtres qui se font gruger par leur valet, des vieillards qui sont amoureux de jeunes filles qui leur préfèrent des garçons de leur âge, des rivaux qui se jalousent, des hommes obsédés par l'argent...

La liberté des comédiens est nourrie de l'actualité, d'intrigues éternelles, de leur imagination. C'est dans le mélange que se distinguent les artistes inspirés tandis que les moins bons se content de répéter des situations connues sans faire preuve d'imagination, c'est cela qui sera à l'origine du déclin de ce type de théâtre.