Origines

Cendrillon appartient à l'imaginaire collectif. Comme tous les contes merveilleux, celui-ci est issu de la tradition populaire et a été mis par écrit assez tardivement: au XVIIe siècle, dit M.Soriano, "Le folklore cesse d'être croyance pour devenir enseignement et symbole". Les sources de ses multiples éléments, qui présentent de nombreuses variantes, sont diverses: on pense en trouver dans la plus haute antiquité chinoise (cela expliquerait l'idée du "petit pied" de l'héroïne qui, pour les Chinois est signe de beauté, de vertu et de distinction). On trouve également une légende égyptienne de l'époque pharaonique dont certains éléments font penser à la Cendrillon qui nous connaissons. Enfin, la légende de Cupidon et Psyché n'est pas sans rappeler, par certains aspects, la version des frères Grimm. Par ailleurs, selon Jean-Claude, Bologne (Histoire du mariage en occident, J.Cl.Lattès, 1995), le don d'une pantoufle accompagnait les fiançailles germaniques et il cite comme source Grégoire de Tours au VIe siècle.

Le nom de Cendrillon

Le dictionnaire provençal-français de J.T.Avril (Lacour, 1991) cite  Cendroulet, -etto, cendroulié, -iéro, "celui, celle qui se plaît à tisonner par amusement" et  Cendroulia ou cendrouria qui signifie "tisonner, remuer la cendre sans besoin et par passe-temps". 
Il est clair que Cendrillon est celle qui se tient dans les cendres. Or les cendres jouent un rôle symbolique important dans l'imaginaire indo-européen. Elles figurent d'ailleurs dans de nombreux rites religieux, comme la crémation des morts que l'on retrouve de l'Antiquité gréco-romaine à l'Inde actuelle; de leur côté, les Hébreux se mettaient des cendres sur la tête en signe de deuil. Il s'agit aussi d'un symbole de pénitence, que l'on pense au mercredi des Cendres qui commence le carême chrétien  "Tu es poussière et tu retourneras en poussière".
D'autre part, les cendres sont également considérées comme un symbole de fertilité (que l'on pense à la culture sur brûlis), voire de renaissance: le Phénix ne renaît-il pas de ses cendres? Dès lors, le nom de Cendrillon peut signifier que son héroïne, après une période de pénitence, connaître une renaissance glorieuse. Certains pourraient donc voir dans ce conte, la trace d'un rite de passage, une métaphore de la résurrection. 
Les cendres ne sont pas seulement liées à la culture indo-européenne:
Claude Lévy-Strauss, dans Anthropologie structurale, PLon, 1958, constate que la mythologie américaine considère les cendres et la suie, des médiateurs entre" le foyer (au sol) et la toiture (la voûte céleste)", ce qui permet de résoudre des problèmes: "pourquoi le dieu détenteur de riches vêtements est souvent un cendrillon mâle (ash-boy)." Il établit un rapport entre cela et le rôle de porte-bonheur attribué aux cendres et à la suie.

Interprétation

Pour B.Bettelheim (Psychanalyse des contes de fées), Cendrillon permet au jeune enfant de s'identifier à l'héroïne, spécialement quand il vit sa rivalité avec ses frères et sœurs, même s'il apparaît aux adultes que les épreuves vécues par l'héroïne sont exagérées; il trouve, dans la victoire finale de celle-ci, la conviction qu'il surmontera la rivalité fraternelle qu'il vit.