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Jan Van
Eyck
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Ce qu'il faut retenir de Van Eyck, c'est son esprit lettré, son talent de peintre et surtout son observation amusée de la nature humaine qui l'amena à désacraliser la peinture religieuse et à s'intéresser à la figure humaine prise pour elle-même. En cela, c'est un homme de la Renaissance, un humaniste. On peut en effet dire que la Renaissance, c'est l'individualisation de l'homme qui "sort du récit immuable de la religion". On voit donc la réalité faire intrusion dans la peinture par la perspective et la représentation de paysages et de jardins, notamment. Par ailleurs, la question de la ressemblance se pose. La vie et la peinture de Van Eyck sont méconnues et les légendes qui le concernent sont nombreuses: Antonello de Messine a-t-il appris la peinture à l'huile chez lui? a-t-il réalisé son célèbre Polyptyque de l'Agneau mystique, visible dans la Cathédrale Saint-Bavon à Gand, avec Hubert, son frère? quelle part chacun des deux a-t-il prise à l'exécution de ce chef-d'oeuvre? pourquoi ces inscriptions sur les toiles ou les cadres? qui est "L'Homme au turban rouge"?... On se souviendra aussi que le polyptyque connut des aventures rocambolesques au cours du XXe siècle: il fut volé en 1934 mais l'enquête ne fut pas menée sérieusement et ne donna rien. En 1974, un criminologue relança les recherches sur base des révélations faites une quarantaine d'années plus tôt par le présumé voleur, Goedertier, sur son lit de mort. Ce rebondissement lança de nombreux détectives amateurs dans une chasse au trésor qui n'est pas terminée. Entre-temps les Allemands s'étaient emparé de l'oeuvre, Hitler avait même fait ouvrir le cercueil de Goedertier espérant y retrouver le panneau. |
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Eléments biographiques La famille Van Eyck est vraisemblablement originaire du pays mosan; ils étaient sans doute 3 frères, Hubert, Jan et Lambert, et une soeur, Marguerite. La date de naissance de Jan est incertaine: entre 1386 et 1400, selon les historiens. Un fait est acquis: en juin 1422, il est "peintre et valet de chambre "de Jean de Bavière, comte de Hollande. On pense généralement qu'il eut une formation d'enlumineur et c'est plausible, compte tenu de la minutie dans les détails de ses oeuvres ainsi que de la rupture de ses figures par rapport au gothique; en cela son travail ressemble à celui d'enlumineurs parisiens comme J.de Coene et P.de Limbourg. Il a peut-être même réalisé quelques pages ajoutées ultérieurement aux Très riches heures du Duc de Berry, comme La Naissance de saint Jean-Baptiste. Des années 1422/1425, on ne conserve aucune oeuvre bien que des commentaires en attestent l'existence. Après la mort de J.de Bavière, il est engagé par le duc Philippe le Bon dont il devient l'homme de confiance et le conseiller secret. Il entreprend des voyages pour lui. Il participe à des ambassades bourguignonnes en Espagne pour négocier le mariage du duc avec Isabelle d'Urgel et au Portugal pour demander la main de l'infante Isabelle dont il réalise deux portraits. A Tournai, il rencontre le peintre Robert Campin. Le Polyptyque de l'Agneau mystique, commencé par Hubert et interrompu par son décès en 1426, est achevé en 1432. Mais Van Eyck est aussi l'auteur de fresques aujourd'hui disparues à Bruxelles et à Bruges, d'oeuvres nombreuses à sujet religieux et surtout de portraits. Sans aucune certitude, on estime qu'il eut un atelier à Bruges à partir de 1433. Mort en juin 1441, il fut enterré dans l'église Saint-Donatien de Bruges, ville où il passa une partie importante de sa vie. Négligeant les oeuvres à caractère religieux, nous allons nous intéresser à deux oeuvres: L'homme au turban rouge et Les époux Arnolfini. |
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L'homme au turban rouge, un autoportrait? Sur le cadre, comme sur de nombreuses oeuvres, une inscription authentifie le tableau: c'est Van Eyck qui l'a peint en 1433 mais, au contraire d'autres portraits, il n'indique pas le nom du modèle. C'est ainsi que, pour plusieurs experts, il s'agit d'un véritable autoportrait. C'est cette thèse que reprend la romancière Elisabeth Bélorgey dans son roman Autoportrait de Van Eyck: |
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Le problème pour l'artiste qui s'essaie à l'autoportrait est de savoir s'il doit rendre compte de son identité ou de son milieu social. Quelques cas se présentent au Moyen Age mais c'est surtout à la Renaissance que l'artiste devient un personnage de ses tableaux, comme, par exemple, Rogier de la Pasture (Van der Weyden) se peignant sous les traits de saint Luc dans Saint-Luc dessinant la Vierge: |
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De manière générale, on remarque que Van Eyck, quant à lui, dans cette oeuvre comme dans presque tous les portraits qu'il a peints, gomme toute anecdote pour aller à l'essentiel: le regard de cet homme dirigé vers nous. |
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Les
époux Arnolfini Cette toile si célèbre qu'elle a suscité la parodie de F.Botero, a également posé certaines questions quant à son interprétation. Que représente cette oeuvre? un mariage ou des fiançailles? un autoportrait du peintre avec sa femme, Marguerite, ou un couple de marchands italiens? Pour P.-L.Bertrand, il s'agit de Jan et Marguerite Van Eyck avant la naissance de leur fils, ce qui expliquerait l'inscription: "Jan Van Eyck fuit hic" comme: "mon fils Jean fut ici dans le ventre de sa mère". Cette interprétation est toutefois battue en brèche au profit du mariage des Arnolfini. Dans ce cas, la phrase signifierait que le peintre était témoin du mariage. Giovanni Arnolfini était un marchand originaire de Lucques et installé à Bruges en 1420; il mourut en 1472. Philippe le Bon l'avait fait chevalier. Van Eyck en réalisa d'ailleurs un portrait aux traits ressemblant à ceux du personnage masculin du tableau: Sa femme, Giovanna Cenami, originaire également de Lucques vivait encore en 1490. Les époux étaient particulièrement bien intégrés dans la communauté brugeoise et furent membres de la Confrérie de l'Arbre sec. Certains mettent en doute le fait que la jeune femme soit enceinte, arguant de la mode de l'époque; toutefois, les allégories dont la peinture est remplie rendent cette explication plausible :
Toutefois, c'est le miroir qui attire le plus l'attention: Symbole de mort au Moyen Age, la Renaissance en fait un signe pureté ou de vanité; dans les siècles suivants, il deviendra surtout un trompe-l'oeil. Dans cette oeuvre, il crée un hors-champ, procédé que pratique couramment Van Eyck; le plus souvent, il coupe un objet par le cadre, ce qui fait du tableau une fenêtre ouverte sur le réel. Cette utilisation du hors-champ suggère, de la part de l'artiste, une interrogation sur la fonction de la peinture. La place centrale du miroir est capitale: il provoque une inversion des lignes de perspective; la scène est vue à l'envers; le redoublement a lieu dans un espace irréel, recourbé par la surface arrondie. Associé à la signature centrale, le miroir attire le regard et ouvre sur l'espace du monde humain. Dans le miroir, enfin, on distingue deux hommes, celui au turban rouge étant vraisemblablement le peintre lui-même, témoin du mariage. C'est un procédé que reprendra Velasquez dans Les ménines, montrant ainsi les témoins de la scène peinte:
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Ressources V.Bougault, "Les jeux de miroir de maître Van Eyck", in L'oeil, n°535, avril 2002 D.Sausset, L'Abcdaire de Van Eyck, Flammarion, 2002 Tout l'oeuvre peint des Van Eyck, Flammarion, 1969 Des oeuvres de Van Eyck sur le web:
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